
Clôture
Jérémie Boroy président Conseil consultatif des personnes handicapées
Je suis heureux d’être aujourd’hui avec vous pour conclure cette journée. Je voudrais saluer d’abord la mobilisation que ce soit dans la salle ou en ligne. J’étais venu, ici, dans cette même salle, pour un évènement, sur le même sujet, il y a une quinzaine d’années. Vous étiez beaucoup, beaucoup, beaucoup moins nombreux. Donc il y a une vraie mobilisation sur ces sujets et je tiens vraiment à le saluer. La journée a permis depuis ce matin, de revenir sur les enjeux à la fois, de l’exception handicap, mais aussi de la généralisation de l’accessibilité native des livres à venir, avec cette date du 28 juin 2025 qu’on a tous dans le viseur. Même si j’ai entendu que, sur un certain nombre de sujets, de projets, on attend encore de s’aligner sur les dates, parfois différentes. Depuis tout à l’heure, je ne sais pas si j’ai tout compris, ou s’il y a encore une clarification à apporter. Le toucher du livre de l’accès à la lecture d’une manière générale, va aller au-delà du simple droit à respecter, tant il est facteur d’émancipation des personnes en général, des personnes handicapées, en particulier pour le coup. C’est ce qui explique que depuis des années, le CNDPH, a vraiment ce sujet-là au cœur de ces travaux. À la fois, avec une commission accessibilité qui n’a de cesse, de rappeler le cadre législatif, puis réglementaire, avec un rôle de rappel sur le besoin de sortir les textes réglementaires dans les temps. Une commission internationale qui nous rappelle aussi le cadre international, une délégation culture et la commission éducation qui s’emparent régulièrement du sujet, dont le manuel scolaire à une place prépondérante dans le parcours scolaire des élèves.
En écoutant vos échanges, j’entends une belle évolution de ce sujet, même si le chemin est encore long. La mobilisation des éditeurs commence à se voir, à se sentir ; celles des plateformes d’achat et de prêt aussi, même si encore une fois, je pense que nous devons ensemble faire un effort de clarification, très vite sur les étapes qui nous attendent, et donc, sur les calendriers pour que les utilisateurs s’y retrouvent. Même si sans attendre la livraison des plateformes françaises, on a des belles perspectives avec les notamment les 100 853 titres mutualisés dans la plateforme ABC de l’Organisation Mondiale de la protection intellectuelle (Consortium pour des livres accessibles). Il y aussi en l’entendant, un enjeu extrêmement fort de pouvoir prendre en compte toutes les modalités, et tous les canaux d’accessibilité du livre. Je pense évidemment au FALC, je pense évidemment aux éditions bilingues, avec aussi du besoin de pouvoir être encore plus précis et transparent, pour ce qui est disponible ou non. Pour qu’on ne se contente pas de comptabiliser l’offre globale, qu’on soit clair sur ce qui est accessible, par types de besoins et d’adaptation. Un point de vigilance sur le tout numérique, même si l’opportunité de numérique est évidente, pour embarquer tous les besoins d’accessibilité. 10% des français lisent en numérique, et on voudrait que 100 % des personnes qui sont empêchées en termes de lecture aillent sur le numérique. Donc il faut vraiment que l’on puisse à la fois, penser formation des utilisateurs, mais aussi continuer à diversifier les supports. Il importe que les supports papier, agrandie, en braille, etc. soit toujours disponible pour que tout le monde lise. Aussi sur le sujet du numérique pour nous, le besoin d’aller voir des livres, que nous n’avons pas encore à l’habitude de trouver sur les supports accessibles : les livres des beaux-arts, les manuels scolaires du primaire, etcetera. Donc visons bien tout le spectre de la lecture.
J’ai aimé la dernière question sur la presse, qui est fondamental, même si ce n’étais pas le sujet du livre. C’est un sujet essentiel qui rejoint lui, de l’accessibilité de l’information avec l’audiovisuel mais aussi la presse. Donc je suggère à Sophie Rattaire une journée similaire dans les prochaines semaines. Précisément sur la presse pour faire un point d’étape, mais aussi voir, comment tous les secteurs concernés peuvent s’approprier tout ce qui est aujourd’hui disponible. Pour moi, c’est aussi le sujet des métiers, derrière les questions qu’on se pose. Il y a l’enjeu de l’accès aux métiers du livre, aux métiers des bibliothèques, pour que des personnes elles-mêmes handicapées accèdent aux métiers. Parfois ça passe par une réadaptation et une accessibilité de leur formation, mais aussi une belle communication, une valorisation de ce qui est fait et de ce qu’on peut faire. Voilà, les métiers doivent aussi s’ouvrir aux personnes handicapées, ça fait partie de la chaîne de l’accès du livre.
Je voudrais pour terminer, saluer la méthode utilisée qui consiste à réunir mobiliser tout l’écosystème, aussi variés soit-il. Pour que tout le monde se parle. Qu’on croise les contraintes des uns, et les besoins des autres, les opportunités. En arrivant le matin , je pense que, vous vous attendiez pas, à apprendre autant de choses de ce que les uns et les autres font. Ce format là, il faut le garder, le renouveler.
Sophie l’a dit, mais de façon très modeste, il y avait derrière un enjeu interministériel absolument crucial. Il y a quelques années quand on parlait du sujet, il n’y avait pas grand monde pour répondre aux appels de Sophie. Et c’est tout ce qui fait nos travaux, notre mobilisation, pour l’accès aux droits communs : faire en sorte que tous les ministères s’emparent du sujet de l’accessibilité et travaillent ensemble. Donc culture, école, enseignement supérieur, économie aussi et pas seulement ce qui est propre ou spécifique au handicap. Pour ça, je voudrais, même si ce n’était pas l’objet, que l’on salue l’engagement constant de Sophie Rattaire, coordinatrice interministérielle d’accessibilité à la conception universelle. Elle est un pilier de ce que nous portons ensemble depuis des années, qui nous permet aujourd’hui de réunir du monde dans cette salle et on lui doit beaucoup pour la situation dans laquelle on est aujourd’hui. Je vous demande de faire du bruit beaucoup de bruit pour l’applaudir.