
Définition d’une stratégie de plan de production
Eva Dolowski, Institut national des jeunes aveugles ; Aude Thomas, Institut national des jeunes aveugles
Sophie Rattaire, coordinatrice interministérielle de l’accessibilité universelle
J’appelle l’INJA, les deux représentants de lINJA : Eva Dolowski, Institut national des jeunes aveugles ; Aude Thomas, Institut national des jeunes aveugles qui vont nous parler du travail qu’elles ont engagé depuis un petit moment en concertation avec de nombreux acteurs, qui j’imagine sont pour la plupart représentés ici. On va vous parler de la définition d’une stratégie de plan des production. On a vu qu’on avait besoin d’améliorer l’offre. Vous devez nous parlez de ce plan et de cette stratégie.
Eva Dolowski, Institut national des jeunes aveugles ; Aude Thomas, Institut national des jeunes aveugles
Bonjour à tous, je suis Eva de Dolowski. Donc comme vient de le dire Sophie, je travaille à Institut National des Jeunes Aveugles avec Aude Thomas et nous sommes les deux coordinatrices de cette mission nationale de l’édition adaptée et accessible. Voilà alors donc nous on va vous parler donc de la mission de l’INJA, de la première partie, dirons-nous. La définition de de ce plan de production dont on parle beaucoup depuis ce matin. On va vous dire en quelques mots ce qu’il en est, où on en est, ce qu’on a engagé, ce qui nous reste à faire. Déjà rappeler la totalité de la mission de L’INJA qui est, que en lien avec la création du portail, l’INJA doit définir un plan de production de documents adapté et soutenir, l’élaboration d’un plan de modernisation de la filière de l’édition adaptée, l’un allant évidemment pas sans l’autre. Pour cette première partie qui nous réunit aujourd’hui, la définition du plan de production qui constitue la première étape. On l’a décliné en trois temps : dresser un état des lieux de l’existant, pour savoir ce qui ce qui existe, ce qui est fait, qu’est-ce qu’il en est de l’édition adaptée aujourd’hui, ensuite, établir un diagnostic des besoins, aujourd’hui non satisfait, et bien sûr, à l’issue de toutes ces études proposer différentes hypothèses de travail qui permettront de sélectionner les ouvrages à adapter, ainsi que les organismes adaptateurs pour le faire. La deuxième étape correspond effectivement au deuxième pan de la mission qui nous incombent, et bien, complète « accompagner le plan de production, proposer une stratégie de soutien au secteur de l’adaptation et les contours d’un plan d’action ». Pour le premier temps de notre première étape, la cartographie de l’existant, on a, et vous êtes plusieurs ici à l’avoir reçu, et à y avoir répondu. On a adressé en décembre 2023, un questionnaire à un certain nombre de structures identifiées, de structures productrices d’édition adaptée, d’édition accessible, des organismes aussi médiateurs, l’ensemble recouvrant des associations, maisons d’édition, structures médico-sociales, bibliothèques, médiathèques. Cela pour mieux connaître les pratiques de ces structures, leurs besoins, leurs difficultés, et aussi les outils qu’elles utilisent aujourd’hui pour adapter au quotidien. Ce qui nous a permis de préparer les différents ateliers dont on va vous parler, qui se sont tenus à l’INJA au premier trimestre 2024. En parallèle de ce questionnaire, on a déployé une approche, dite qualitative avec des entretiens individuels qu’on mène depuis le début de la mission, depuis plus d’un an, avec toutes ces structures adaptatrices. Juste en quelques chiffres, on a effectivement ciblé, 150 structures, avec un taux de réponse d’environ 60 %, et le questionnaire en question était constitué de 23 questions, principalement ouvertes, qui était là pour recueillir des informations détaillées sur les perceptions, l’expérience, les expériences et les suggestions effectivement des structures, quant à la façon d’améliorer l’édition adaptée en général.
Alors le plan de production a fait l’objet d’un premier groupe de travail, il était décliné en trois ateliers, plus des questions, un petit peu ouvertes, qu’on vous a posé au fur et à mesure et puis des entretiens individuels. Il a eu pour objectif de définir les besoins des publics, et on essayait de faire ça par segment éditorial. Et ainsi, de dresser une liste des axes prioritaires d’adaptation. Ces priorités, elles ont pris compte, des impératifs énoncés par les bénéficiaires finaux, parce que il était hors de question de prendre des décisions à leur place, directement ou par le biais de leurs accompagnants, ou éventuellement des bibliothécaires. Ceci au regard, toujours au regard, de la production de livres numériques nativement accessible. On a dégagé trois scénari qui ont été proposées au fur et à mesure des ateliers. Donc, qui ont déjà été retravaillés, qui seront de toute façon retravaillés, pour définir une méthodologie de sélection des ouvrages, et de priorisation. Très rapidement, ces scénarios : le premier c’était l’idée de rendre accessible, ou, d’adapter tous les ouvrages qui constituent le socle de notre culture commune. Alors de façon très arbitraire, on est partis sur l’idée d’adapter les 5000 meilleures ventes de livres depuis 2023, en partant des statistiques GfK, tous segments éditoriaux confondus, pour les rendre accessibles au public empêché de lire, et déterminer alors les titres pas accessibles nativement ou adapté et structurer un plan de production sur plusieurs années. Le scénario 2, miser sur l’apprentissage de la langue, pour susciter l’envie de lecture. L’idée dans ce scénario, c’était d’améliorer un peu les apprentissages de la langue et encourager la lecture, en augmentant l’offre parascolaire et en adaptant les supports pédagogiques, pour tous les niveaux, du CP au bac. Cela incluait, l’adaptation des grands classiques, bien sûr, les manuels scolaires, les ouvrages en Falc, ainsi que les albums jeunesse, les mangas, et BD, dans tous les formats plus variés possible, que soit en braille numérique, en braille papier, on LSF ou en Frog (Livre numérique adapté). Et le troisième scénario, celui qui était un petit peu plus général, et qui au final a suscité le plus d’avis positifs, c’était l’idée de tendre vers un rattrapage de masse des documents simples, donc les romans par exemple, vers tous les types de formats possibles. Donc ce scénario, proposer un rattrapage massif des ouvrages simples, en adaptant 5000 titres à la fois dans des formats numériques variés, que ce soit les ePub 3, le Daysi, le PDF, le MP3, le texte entre autres, et en combinant les statistiques GfK depuis 2003, le baromètre des prêts et des acquisitions bibliothèques, ainsi que les statistiques des bibliothèques qui disposent d’un service handicap, qui peuvent avoir justement, des gens qui viennent déposer des avis, des besoins. Voilà en incluant bien sûr les grands classiques, les ouvrages d’actualité, les manuels et documents essentiels pour l’enseignement supérieur. Ces trois scénarios vont être, adaptés, modifiés, amendés, parce qu’on n’a pas du tout fini notre travail de recherche, et on attend prochainement des retours de grands utilisateurs, des bénéficiaires finaux. Les premiers constats qu’ont suscité ces scénarios, et, quelque part leurs limites. Le premier, c’est que, les différents groupes ont majoritairement retenu la trame du scénario 3, agrémenté des éléments du scénario 2, pour tout ce qui concernait le scolaire, avec une politique de rattrapage qui permettait de produire plus et plus rapidement. Le deuxième constat, c’est que pour les manuels scolaires, il y avait une unanimité des participants, pour affirmer que leur adaptation constitue un enjeu stratégique, et que la question était à traiter indépendamment. La troisième, les offres disponibles en Falc et on LSF pour le moment anecdotique, malheureusement : les filières sont à développer, ou à créer de toutes pièces, et, il serait bien de penser à une phase d’expérimentation d’environ un an, pour la LSF, avec un budget prévisionnel qui serait en cours, et, une analyse des besoins et moyens qui seraient nécessaire d’affiner. Enfin la pertinence et la fiabilité du plan de production dépendent inévitablement de l’enveloppe qui sera dédiée, et, nécessitera une sélection et une priorisation.
Je vais revenir, sur un des points évoqués à l’instant par Aude dans les constats. Le premier ne fait que rencontrer un sujet qu’on vient juste d’aborder lors de la précédente table ronde, et dont on parle beaucoup depuis ce matin, puisqu’effectivement le scolaire est revenu à plusieurs reprises lors des prises de parole. Le domaine scolaire, mais pas seulement le manuel, apparaît vraiment à l’issue de de toutes nos investigations comme un enjeu stratégique. Alors bien sûr, on parle de la production d’ouvrages scolaires, mais, il est deux axes plus précisément. Le manuel scolaire qui doit faire l’objet d’un traitement à part entière, adapté tous les manuels scolaires cependant représente une charge impossible. Ça vous venez de l’évoquer, fastidieuse et inutilement coûteuse et l’accessibilité des contenus ne suffit pas toujours en fait pour répondre aux besoins, vous venez également de le dire. Mais il est aussi un autre sujet qui est l’accessibilité et l’adaptation des livres inscrits au programme d’enseignement, utilisé par exemple en français ou en sciences humaines, pour tous les niveaux, et dans tous les formats. Puisqu’effectivement, ça n’est ça n’est pas toujours le cas. Les ouvrages, les classiques, qui effectivement sont étudiés, en fonction des classes ne sont pas toujours accessibles et adaptés pour les enfants en situation de handicap. Là, on a identifié un objectif clair, mais qui ne fait que rencontrer effectivement, encore une fois ce qui est dit depuis ce matin, c’est effectivement un souhait collectif, pour que tous les citoyens, quel que soit leur handicap disposent des outils et adaptation nécessaire à l’apprentissage de la lecture. Parce qu’effectivement, apprendre à lire, c’est aussi avoir les moyens de mieux entrer dans les apprentissages, c’est aussi avoir les moyens de poursuivre une scolarité, c’est aussi être en mesure, tout simplement d’accéder à l’enseignement supérieur ou professionnel et à trouver sa place, d’une façon ou d’une autre dans la société. Le domaine scolaire demande un traitement à part, et, reste une des priorités. Quant au cas particulier ou complémentaire, on va dire de l’universitaire, des ressources universitaires. L’objectif identifié aujourd’hui est de faire en sorte que la littérature scientifique d’aujourd’hui se fasse directement au format accessible, avec la question particulière, des articles qui ne rentrent pas dans le plan de production immédiatement mais qui, effectivement les articles, les revues étant un socle précieux pour la recherche, et, essayer dans le cas de l’universitaire, d’adapter au fil de l’eau en fonction, des besoins exprimés par les bénéficiaires. Il est par ailleurs une réflexion en cours sur l’identification, d’ouvrages universitaires pour le pour le premier cycle tout de tout domaine confondu, mais c’est en cours et il n’est pas de réponse arrêtée sur cette question-là pour le moment.
Comme le disait Eva tout à l’heure, on a essayé de toucher le plus grand nombre de personnes, que soient les associations, les professionnels, les étudiants et puis les bénéficiaires finaux, forcément. On a lancé un certain nombre de d’ateliers, de sondages, de questionnaires. Actuellement nous en avons deux en cours, l’un diffusé via le CNCPH, et on les remercie énormément, pour leur concours, un sondage directement adressé aux bénéficiaires. Les associations, les bibliothèques, nous ont aidés également et on attend des retours, ce qui nous permettra de d’amender nos scénarios de tout à l’heure, courant décembre. Un questionnaire financier, qui vient compléter la cartographie de l’existant et qui vient aussi, nous permettre, d’affiner toute la suite des ateliers. Pour voir comment réadapter l’écosystème actuel, les besoins, les nécessités, comment on pourrait aider et à quel niveau et les priorités à donner. Ce questionnaire financier qui a été envoyé à un maximum de structures également et qui a moins de succès pour le moment, on compte sur vous. Il est entendu également au 1er décembre 2024.
Comme je le disais pour compléter les différents ateliers et travaux, initié depuis le début de la mission. On a effectivement rencontré un certain nombre de d’entre vous, rencontré des structures adaptatrice bien sûr, dont vous êtes les représentants, mais aussi des bibliothèques, médiathèques, possédant un pôle « lire autrement », ainsi que, puisqu’effectivement il ne se serait pas raisonnable de penser le plan de production sans les nouveaux acteurs de l’accessibilité numérique, et, développeurs de nouvelles technologies. En guise de conclusion un mot sur la deuxième partie de notre mission, la première allant avec la seconde, l’harmonisation des pratiques et des outils de production. Donc notre second et dernier groupe de travail, dont trois ateliers ont été programmés un premier qui s’est tenue le 12 novembre et deux autres, qui se tiendront le 10 décembre et le 21 janvier, avec pour objectif, d’identifier les outils et les pratiques d’adaptation, évoquer la mutualisation des compétences et des outils, réfléchir à la définition et à l’utilisation de format pivot, accompagner les petites structures pour une montée en compétences, accompagner l’accroissement de la capacité de production de l’écosystème, et, envisager plusieurs scénarios à l’issue tout cela de modèles économiques possibles. Encore une fois, on fait ça avec vous et c’est effectivement, avec vous, qu’on peut penser ce plan de production.
Question
Peut-être juste, vous avez les premiers chiffres du nombre de retours sur l’enquête, vis-à-vis des personnes. C’est intéressant de se rendre compte, sur les personnes qui ont déjà répondu.
Réponse
Oui, sur le sondage usager, on a donné déjà plus de 2300 réponses. Et les gens ont vraiment joué le jeu parce qu’ils ont répondu très précisément, ils m’ont même rajouté des réponses, des questions, des onglets qu’il n’y avait pas, donc c’est très intéressant.
Question
Les bibliothèques n’ont pas ou peu les moyens, les compétences et le personnel, pour adapter des documents, ou si elles en adaptent, pour pouvoir répondre largement, à tous les besoins qui pourraient se présenter à elle. La possibilité de demander l’adaptation, de façon centralisée, à partir du portail, est donc très attendu. Mais qui adaptera et avec quels moyens ?
Réponse
Il y a des très bonnes questions. Tout d’abord effectivement, on en a déjà un peu parlé, mais je laisserai les collègues de la BNF répondre à cette question-là sur les fonctionnalités du portail, éventuellement un espace en ligne, avec des demandes est envisageables. Après qui adaptera, forcément les structures adaptatrice qui existent à l’heure actuelle en France, et à qui on espère pouvoir donner le maximum de moyens, pour répondre aux demandes par ordre de priorité. Quant à la deuxième partie de la question, c’est avec quels moyens ? Le maximum moyens possibles, voilà. Déjà, répertorier, tous les besoins, justement pour répondre à ces questions-là et puis faire des propositions cohérentes en fonction des politiques budgétaires actuelles.
Sophie Rattaire, coordinatrice interministérielle de l’accessibilité universelle
Tout à fait donc on attend en fait le résultat de vos travaux et qui permettront effectivement au niveau interministériel de prendre les décisions, quant au scénario que vous nous fournirez.
On a parlé de plan de production l’objectif, c’est de nourrir un portail. A présent nous allons entrer dans le dur de ce portail avec Marianne Clatin et Laurette Uzan de la BnF